Manhattan : l'urbanisme extrême du capitalisme

Hugh Ferriss, illustrateur, étude impact loi 1916 sur les buildings, New York


Dans tout cela, pas de manifeste, pas de débat architectural, pas de doctrines urbaines, pas d'idéologie, pas de théorie, une seule réalité : le gratte-ciel.
 Rem Koolhaas
New York Délire

Au début du 20e siècle, les quartiers d'affaires des grandes villes américaines -Manhattan à New York, le Loop à Chicago- représentent l'expression de l’idéologie capitaliste post-industrielle dans l'espace réel de la ville. On peut ici avancer l’idée d’idéologie réalisée. Ils se distinguent, en tout premier lieu, par les buildings puis les sky-scrappers. Ce type d'architecture et l'urbanité qu'il induit n'est le produit d'aucun modèle intellectuel, de mouvement idéologique ou utopique. L'architecture et indirectement le modèle urbain des quartiers gratte-ciel se sont constitués sans pensée théorique préalable :  les premiers grands trusts capitalistes utilisant à profit et au mieux les prodigieuses avancées technologiques ont ainsi produit un modèle sans véritable théorie, sous l'égide des politiques,  souvent associés aux grands financiers. L’architecte Rem Koolhaas, dans son ouvrage « New York Délire » affirme à ce propos : Dans tout cela, pas de manifeste, pas de débat architectural, pas de doctrines urbaines, pas d'idéologie, pas de théorie, une seule réalité : le gratte-ciel.


Modèle propre pendant longtemps aux Etats-Unis qui s'est par la suite propagé au reste du monde, il serait ainsi possible aujourd'hui de mesurer le degré de libéralisme d'un pays en fonction du nombre de ses buildings. En dehors de quelques situations particulières, Hong Kong ou Monaco, la Chine est victorieuse par le nombre, Dubaï rivalise en hauteur, Bruxelles n'est pas encore atteinteComme à Bologne au 12 siècle, les états/villes  rivalisent pour construire le plus haut building, symbole de puissance économique. En Italie, quelques siècles auparavant, les familles de Bologne les plus riches, dans la période des luttes pour les investitures impériales et papales,  bâtissaient d'étranges et vertigineuses tours pour marquer leur richesse ; au même titre que les clochers des églises et les dômes des cathédrales qui par leur hauteur symbolisaient la puissance de l’Éternel. 


12e siècle, Bologne, la tour Garisenda, haute de 60 mètres, un véritable exploit pour l'époque.
1884 : Worlds tallest buildings of the OLD WORLD, les US à l'attaque du vieux continent.
2011 : le sky-scrapper : symbole de la "réussite" économique d'une ville.


Un modèle sans théorie

Ce type d’urbanisation ne prétend pas faire modèle théorique ; il n'est qu'une simple résultante logique des mécanismes de la technique exacerbé par la recherche du plus grand profit par les grands financiers  ; de fait ce mode opératoire "réel et concret", inscrit dans la base économique et productive, ne nécessite pas ou peu de rhétorique, fait particulier que l’on ne retrouve dans aucun autre modèle d'urbanisme. Dans cette forme, l'idéologie devient une idéologie réalisée ou concrète ; elle s'épure de toute trace d'utopie en s'intégrant dans les différents niveaux sectoriel du mode opératoire. L'hégémonie du capital dans ce modèle se réalise sans recourir à une logique qui serait étrangère à ses propres mécanismes directs, sans rechercher de justifications extérieures ; elle est absolument indépendante de toute fin éthique abstraite, de toute téléologie, de tout "devoir-être".

Ce modèle diffère ainsi des modèles européens de la même époque car il ne propose pas d’oeuvrer pour la collectivité où, en d’autres termes, à la fabrication d’un monde meilleur. Son rôle est bien la création d’un maximum de richesses et ce, avec un minimum de ressources. Les notions de progrès social, d’urbanité, d’esthétisme, de bien-être, que l’on peut retrouver dans les idéologies traditionnelles sont destituées au profit d'une réalité économique à brève échéance. Le building est le fruit d'une opération élémentaire d'arithmétique : la multiplication des surfaces empilées de la parcelle au sol engendre la multiplication des rentes soit la plus grande source de revenus.

Hugh Ferriss

Qui Fait Quoi ?

Les grands trusts

Les gratte-ciel expriment le passage des formes anciennes de l'entreprise individuelle ou familiale, au pouvoir impersonnel des grands trusts, à une époque de réorganisation de la puissance économique capitaliste, du passage de l'industrialisation au monde de la finance et des services, du capitalisme productif au capitalisme improductif. 


Le politique


Les mécanismes opératoires mis en place pour l'édification des gratte-ciel de New York sont ainsi extrêmement simples. Le premier élément est la loi de zonage de 1916, document légal qui réglemente la construction. Elle détermine pour chaque bloc de Manhattan une enveloppe imaginaire qui définit avec précision les contours de la construction maximale autorisée. Le processus de multiplication de la surface au sol est autorisé jusqu'à une certaine hauteur, au-delà de laquelle l'édifice doit s'élever en retrait pour ne pas priver la rue de lumière. Une tour peut ensuite faire monter 25 % de sa parcelle jusqu'à des hauteurs illimités. Cette dernière clause encourage la tendance à occuper, pour une même structure, la plus vaste surface possible afin de rentabiliser au maximum les 25 % transformables en tour. Cette loi de 1916 est également un certificat de naissance antidaté qui confère au gratte-ciel une légitimité rétroactive.

Une loi bien complaisante pour les investisseurs qui autorise à présent la multiplication à l'infini des surfaces bâties. Pratiquement, c'est la théorie, pour autant qu'il y en ait une, qui s'adaptera au gratte-ciel et non le gratte-ciel à la théorie. Le gratte-ciel est l'élément inviolable, l'élément dominant dans la composition structurelle de New York et plus généralement des villes américaines.

Cependant, la construction de l’Equitable Building en 1915 (39 étages) pose de manière éclatante le problème du processus de reproduction territoriale du gratte-ciel. En effet, l’ombre projetée au sol et sur les constructions fait à elle seule tomber les prix de location dans les immeubles de toute la zone adjacente. La loi de 1916 imposera certaines mesures pour soumettre cette forme d’agression architecturale à une certaine réglementation.

Cela étant, en ce début du 20e siècle, deux tendances dominent les débats sur la planification urbaine et les problèmes de l'habitat, et notamment en faveur des populations ouvrières et pauvres.
  • La première mise sur la création d'instruments de planification efficaces fondés sur la forte intervention des pouvoirs publics. Cette tendance regroupe l'intelligentsia, les réformateurs progressistes et nombre de fonctionnaires opérant dans les organismes d'Etat qui s'attacheront à penser –plus qu'à réaliser- l'urbanisation des secteurs résidentiels et de leur connexion avec les centres urbains tertiaires.
  • La seconde donne priorité à l'initiative privée, et porte son intérêt sur les centres-villes des grandes villes où se situent les centres tertiaires, hauts lieux de la spéculation.
Ces deux tendances vont s'exprimer chacune dans des territoires bien définis. De fait, ces deux tendances cohabitent, mais selon la situation économique du moment l'une peut recevoir les faveurs des plus hautes autorités politiques ; après le krach du 24 octobre 1929, les Hoovercities [du nom du président], les campements de réfugiés et de chômeurs se multiplient dans les marges des villes, symboles de la misère et de la désespérance du grand krach ; en 1933 et 1934, les grèves ouvrières s'enchainent. La nécessité de préparer une intervention directe des pouvoirs et des finances publics devient évidente et le New Deal du président Roosevelt accordera son intérêt aux demandes de l'intelligentsia progressiste dans le domaine de l'habitat et de l'urbanisme. Y trouvent place les revendications réformistes, comme les positions radicales, organisées et rendues efficaces par une multiplication extraordinaire des organismes et des initiatives. Dans ces domaines, la portée historique de l'intervention de l'Etat dans le champ des financiers et des spéculateurs, est incontestable. Le « collectivisme » dont on accuse le brain-trust qui élabore la politique de Roosevelt n'est rien d'autre que la tentative d'introduire, à l'intérieur d'une économie de marché renforcée et rationalisée, des instruments de planification sectorielle et un appareil institutionnel de contrôle du développement des oligopoles. Mais, malgré cet élan et les mesures mises en place, le New Deal s'avère être un échec complet. Au nouvel appareil créé par Roosevelt s'oppose, après 1937, un capitalisme renforcé et concentré, rationalisé jusque dans son apparence politique. Les sommes dérisoires allouées au programme de construction de villes nouvelles, les greenbelt towns, destinées aux économiquement fragiles, les programmes de logements financés exclusivement et directement par l'Etat -pour la première fois dans l'histoire des USA- et au-delà, les résistances inévitables de l'économie de marché font, de ce qui aurait pu être un tournant, un simple instrument pour renflouer financièrement l'initiative privée.

La seconde tendance est hégémonique, notamment après la première guerre mondiale dans un climat économique euphorique. On assiste alors à une forte reprise de croissance des banlieues et à un boom spéculatif sans précédent des centres tertiaires. Les pouvoirs politiques par le biais de leur administration ont au fur et à mesure adopté une attitude pragmatique et condescendante à l'égard de cette tendance proche des intérêts du grand capital. Ainsi, le plan régional pour New York –Regional Plan of New York and its environs- élaboré entre 1923 et 1932 sous la direction de l'anglais Thomas Adams, reflète entièrement, comme celui de 1916, les choix de la spéculation privée dans le domaine de la planification urbaine. Dans le domaine législatif, la typologie du building est acceptée comme l'expression typique de la concentration urbaine et l'ensemble des mécanismes qui conditionnent la concentration tertiaire est encouragé. A l'inverse, le plan ne donne guère d'indications pour le décongestionnement efficace de Manhattan.


Les ingénieurs

La condition de l’avènement du gratte-ciel est la conquête de typologies et de technologies qui permettent l'utilisation homogène de tout le volume bâti autorisé par la loi, grâce notamment à l'ascenseur. Les technologies :
l'ascenseur,
les structures constructives en fer et leur protection contre les incendies,
le conditionnement de l'air,
le marteau-piqueur et les techniques pour les fondations [le sol rocheux de Manhattan est idéal pour la construction des buildings],
la préfabrication,
le téléphone et la poste pneumatique,
la plomberie,

seront développées dans une période de 50 ans entre 1853 –date de la première mise en fonction d'un ascenseur- et 1916, date de l'adoption du Zoning Code de New York. Le téléphone et la poste pneumatique jouent également un rôle important, qui permettent de communiquer à distance, sans être obligé de se déplacer.

Les architectes

L’architecture pour la construction des gratte-ciel est réduite d’une part à la recherche d’un ratio économique maximal en fonction des contours autorisés par la loi et, dans un second temps au design de l’objet. Selon Rem Koolhaas, l’ascenseur, par sa capacité à établir des connections mécaniques plutôt qu’architecturales, a permis de dépasser les problèmes de composition, d’échelle et de proportion en architecture: il n’y a plus d’art de l’architecture. Pratiquement les architectes interviennent que pour le dessin des façades et dans une moindre mesure définir l’enveloppe et la forme extérieure des édifices. Dès lors, leur rôle sera réduit à sa plus simple expression, tandis que les choix de structure et d’urbanisme seront, à présent, du domaine de la ratio économique et de l’ingénierie.


La forme du  Flat Iron Building est déterminée par la forme de la parcelle.

Si dans le premier âge de la construction des gratte-ciel, les architectes oeuvrent selon les nouvelles règles établies, de designer d'enveloppe extérieure et de décorateur d'intérieur, la construction du Rockfeller Center entre 1931 et 1940 à New York, représente une transformation considérable dans l'organisation du travail d'architecture. Cette colossale opération spéculative exigea, pour l’équilibre financier de l’ouvrage, une organisation et un appareil de production hautement spécialisés. Tous les aspects de l’opération font l’objet d’un contrôle économique rigoureux, tandis que l’ensemble du travail est parcellisé. Les choix architecturaux, qui dépendant étroitement –voire exclusivement- de la prospective économique de l’opération ont une dimension purement formelle. Les places et esplanades initialement prévues par les architectes seront finalement évincées. La rencontre entre les nécessités du marché et les besoins de la collectivité reste inévitablement un rêve. L'utopie ou les projets sans rentabilité maximum n'ont ici, pas de place.


Le mythique projet de building de Walker, 1909 : non rentable. 

Le  projet de building de SITE, 1980: non rentable.


Éléments propices

La trame

Le grand mérite historique des tracés urbains, un maillage régulier en damier, adoptés dès le 18e siècle par l'urbanistique nord américaine est qu'ils sont conçus explicitement pour favoriser les forces qui provoquent les mutations morphologiques de la ville, tout en conservant le contrôle de ces mêmes forces. Le dessin d'un réseau à mailles régulières forme un support simple et flexible, permet de préserver la capacité de mutation continue de la structure urbaine et, par ce moyen, réalise l'objectif que la culture architecturale en Europe n'avait jamais pu atteindre. Le contexte urbain dans lequel s'inscrivent les fragments isolés d'architecture préserve une liberté absolue d'agir sur leur forme. La ville nord américaine parvient ainsi à donner le maximum d'articulation aux éléments secondaires qui la constituent, tout en contrôlant fermement les lois qui régissent l'ensemble. 

Un territoire vierge à coloniser

La seconde particularité des villes américaines est l'absence ou le peu d'éléments architecturaux historiques, comme dans les villes de l'Europe, contraignant l'urbanisation. La ville ne se bâtit pas sur la ville existante mais bien sur ses décombres ; à New York, les promoteurs n’hésitent pas à démolir des immeubles existants pour rentabiliser les îlots. Ainsi les seize étages du premier hôtel Waldorf-Astoria bâtis en 1896 furent démolis en 1929 pour faire place aux quatre vingt-six étages de l’Empire State Building ; soit une courte durée de vie de 33 ans.

Des habitants

A Chicago, à New York, les investisseurs n’hésitent pas à expulser la population des immeubles en place pour bâtir. Tandis que les autorités fédérales n'ont guère d'attention pour les populations ouvrières et celles plus pauvres, malgré une succession de grèves et des prémisses d'insurrection. Selon Richard Plunz, la fin du 19e siècle et le début du 20e correspond à la période de la plus grande inégalité entre les logements des riches et des pauvres, que les Etats-Unis aient jamais connue. A New York, les populations les plus pauvres occupaient les caves des immeubles, les constructions abandonnées -les rookery- le plus souvent en bois formant ensemble des taudis, tandis que les squatters -les shanty- occupaient illégalement des terrains en friche -notamment sur l'emplacement de Central Park- et bâtissaient des cabanes de fortune formant des bidonvilles. Le plus généralement, l'occupation d'un terrain en friche était permise par le propriétaire contre un loyer ; la famille qui « louait » ainsi le terrain et y construisait un baraquement n'avait aucun droit lorsque le propriétaire décidait de le vendre ou de le construire. Richard Plunz note que cette pratique était très répandue chez les spéculateurs fonciers, qui leur permettait de couvrir les taxes annuelles, voire le prix d'achat du terrain. Moins sinistres que les rookery, les moyens d'existence et les conditions de vie des squatters variaient, certains bidonvilles étaient particulièrement sordides tandis que d'autres étaient propres et confortables, agrémentés de jardins potagers. Pendant des décennies, bidonvilles et buildings cohabiteront à New York comme à Chicago.


Le Dakota Building, achevé en 1884, au centre de la communauté des squatters de Duchtown en 1889.

Les bonnes affaires des années post-krach 

En 1929, tandis que le krach boursier jette à la rue des millions d'ouvriers et d'employés, certains grands financiers dont John Rockfeller Jr entreprennent de colossales opérations spéculatives, en exploitant habilement les conditions favorables que créait la dépression. En dirigeant vers la rente foncière une masse fabuleuse de capitaux, Rockfeller joue la carte des faibles coûts de production. Se présentant comme un entrepreneur illuminé, préoccupé des destins collectifs de la nation en crise, il déclare une véritable guerre sur le marché immobilier new-yorkais en pleine inflation et, pour s'en assurer le contrôle, pèse de tout le poids de son pouvoir financier pour entreprendre la construction de l'imposant Rockfeller Center. Opération destinée à donner du travail aux chômeurs de New York ou bien, à s'assurer d'une main d'oeuvre bon marché et malléable ? 

Les conséquences

La ville américaine, avec ses processus de transformation toujours plus convulsifs, joue un rôle décisif dans la promotion de l'innovation technologique et devient le théâtre de ses applications. Ces innovations technologiques sont également à l'origine du nouveau destin impérial de la Nation américaine ; aux mythes, aux valeurs et aux idéologies résultant de la conquête de la frontière se substituent les mythes, les valeurs et les idéologies liés à la conquête de nouveaux territoires que représente l'industrialisation, l'urban-industrial America. Les conséquences de l'industrialisation des villes est une organisation territoriale bi-polaire : à la concentration du tertiaire dans les centres villes répond, en guise de contrepoids, le développement d'établissements résidentiels suburbains toujours plus décentralisés réservés à l'uppermiddle class. Les bases sont ainsi posées d'un système urbain dialectique et discriminatoire. Le phénomène est commun à toutes les grandes concentrations urbaines américaines.

L'expulsion de l'habitat des centres-villes vers les banlieues libère pour une classe d'entrepreneurs un espace propre à une explosion spéculative sans précédent et à la formation de nouvelles concentrations financières et immobilières. L'édification de buildings, la construction d'infrastructures de transports afin de desservir les secteurs d'habitations éloignés remodèlent les agglomérations qui font dès alors l'objet des plus grandes critiques de la part des milieux intellectuels de l'avant-garde ; les nouvelles métropoles sont définies alors comme des "chaos artificiels". Ils opposent aux villes tentaculaires l'idée de nature qui parallèlement à la densification des centres-villes se développera dans l'urbanisation des faubourgs résidentiels destinés aux classes privilégiées comme aux classes populaires. Ces faubourgs sont le lieu de fabrication de l'intelligentsia américaine dont les messages ne sont plus entendus dans le chaos de la métropole ; ils reproduisent le rêve d'une communauté réglée par les lois de la Nature, organiques et ils marquent définitivement les limites effectives de leur aspiration à une ville plus humaine.

La spéculation effrénée qui agite le centre de New York a pour corollaire l’absence remarquable d’espaces publics attenants aux édifices. Les lois de la rente foncière obligent ainsi les promoteurs à bâtir la moindre surface de la parcelle. Ni place, ni esplanade, ni square viennent embellir et équiper la ville : seuls les trottoirs bordant les édifices assurent alors ces différentes fonctions. Ainsi, un rapport nouveau s'établit entre les édifices et la morphologie urbaine : les halls d'entrée deviennent des places publiques au sens propre du terme, l'espace des rencontres sociales qui, rejeté de la ville par l'impitoyable logique spéculative, trouve refuge au cœur des buildings. Cela étant, l'accès à ces magnifiques halls est le plus souvent interdit à tout ce qui n'est pas blanc ou riche.
En 1961, le nouveau zoning code de New York accorda une prime de hauteur à ceux qui accepteront de construire le volume du gratte-ciel en retrait de la rue pour aménager, sur l’espace ainsi dégagé, de petites places publiques. De fait, le panorama de Lower Manhattan et d’une grande partie de la 6e avenue, se transforma rapidement ; une séquence de petites places décorées de sculpture ou de fontaines s’alignent, sans fonction véritable et sans ordonnancement particulier reproduisant sur l’horizontalité du sol, le désordre vertical des constructions. 


Les règles

L'urbanisme de l'extrême du capitalisme, s'appuie ainsi sur quelques règles, simples :
1. un plan d'urbanisme privilégiant l'espace privé au détriment de l'espace public,
2. une surface au sol à acquérir/bâtir minimum,
3. une [dé]réglementation autorisant un maximum de hauteur,
4. Fuck the context [selon Rem Koolhaas] ou le non respect de ce qui existe, qui implique une réglementation minimum,
5. Fuck the unhabitants, ou aucune considération pour l'humain -riche ou pauvre ; ces deux derniers points pouvant être exprimé par : il est interdit d'interdire.


SOURCES

Manfredo Tafuri
Francesco Dal Co

Rem Koolhaas
Delirious New York
1978

Richard Plunz
Habiter New York, la forme institutionnalisée de l'habitat new-yorkais, 1850-1950.
Pierre Mardagua Editeur, 1980

2 commentaires:

  1. Bonjour, merci pour cette riche documentation et ce bel article..
    www.philippecalandre.com

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